Créer ou rénover une blanchisserie nécessite des connaissances techniques. Nous avons traité sur ce blog de l’application de la méthode RABC. Voyons à présent comment utiliser cette méthode dans le cadre d’un projet d’aménagement de locaux destinés à l’hygiène du linge. Cet article est essentiellement destiné à l’aménagement d’une blanchisserie au sein d’un établissement hôtelier. Néanmoins, les principes qui y sont décrits sont parfaitement applicables dans une structure de type industrielle. Nous allons dérouler les différentes étapes que vous devez suivre pour la réalisation de votre projet. Nous partons du principe que vous avez déjà identifié le local à aménager et que vous connaissez les volumes et les types de linges à traiter.
La méthode RABC en blanchisserie
La norme Risk Analysis and Biocontamination Control (RABC) donne une méthode de travail reconnue en matière d’hygiène du linge. Cette méthode vise à organiser les étapes de travail, afin de réduire le risque de contamination. Le risque ne peut être totalement éliminé, il convient donc de tout faire pour l’empêcher d’apparaitre. Si cela survient, vous devez être en mesure de le repérer et de réagir afin de corriger la situation.
L’utilisation de la méthode RABC est préconisée pour toutes les activités de blanchisserie. Elle devra donc être appliquée dans les établissements hôteliers réalisant en interne le nettoyage du linge (draps, serviettes, vêtements, tapis, rideaux …). Elle sera également appliquée dans les structures indépendantes dédiées telles que les blanchisseries professionnelles ou les pressing.
Nous vous recommandons notre article sur la méthode RABC pour en savoir plus sur son contenu.
La marche en avant en blanchisserie
La marche en avant dans l’espace
La définition schématique de la marche en avant doit constituer votre première étape. Tout d’abord expliquons ce qu’est la marche en avant. Il s’agit d’un circuit présentant le chemin suivi par le linge au sein du local blanchisserie. Vous devez vous assurer que ce circuit progresse vers l’avant et exclu les retours en arrière. Cette organisation dans l’espace doit empêcher la cohabitation du linge propre et du linge sale. Si c’est pas mis en place, vous risquez de vous retrouver avec des contaminations croisées entre propre et sale. Cela aurait pour effet d’annuler vos efforts en matière de nettoyage et de désinfection. Vous trouverez ci-dessous un schéma présentant le plan d’une blanchisserie organisée selon le principe de la marche en avant.
source du plan : acmfrance.fr
On peut faire les observations suivantes sur ce schéma :
- Les étapes de traitement du linge sont séparées physiquement
- Le circuit du linge progresse en avant, afin d’éviter tout retour en arrière
- Le matériel est disposé de façon à permettre la marche en avant
La marche en avant dans le temps
Votre espace dédié à l’activité de blanchisserie est trop petit pour réaliser la disposition schématique présentée ci-dessus ? Vous pouvez prévoir une marche en avant dans le temps pour limiter le risque de contamination. L’objectif est toujours d’éviter que le linge propre et le linge sale se côtoient. Si vous ne pouvez pas mettre en place de séparation physique (ex : cloisons), vous pouvez prévoir un planning horaire. Dans un même espace, vous allez pouvoir réaliser plusieurs étapes du processus de traitement du linge. Vous devrez vous assurer que ces étapes soient séparées dans le temps en mettant en place un planning horaire d’utilisation du local. Une étape du processus de traitement ne pourra débuter que lorsque l’étape précédente est complétement terminée. Vous devrez également prévoir des étapes intermédiaires de nettoyage des locaux et du matériel. Voici un exemple de planning dans le cadre d’une marche en avant dans un hôtel :
- 9h – 12h : collecte du linge dans les chambre
- 13h – 14h : tri du linge dans la blanchisserie
- 14h – 15h : nettoyage en machine par famille de linges
- 15h – 15h30 : désinfection de l’espace blanchisserie
- 15h30 – 16h30 : séchage
- 16h30 – 17h30 : repassage et pliage
- 17h30 – 18h : tri, rangement, préparation de la distribution du lendemain
- 18h – 18h30 : désinfection de l’espace blanchisserie
La marche en avant dans le temps doit être une solution de dernier recours en cas d’impossibilité totale ou partielle de la marche en avant dans l’espace. Cette organisation doit faire l’objet d’une validation par des contrôles microbiologiques. L’objectif de ces contrôles est de vous assurer que le schéma prévu vous permet d’atteindre les résultats escomptés.
La marche en avant dans le temps demande un respect très rigoureux des procédures de travail (respect des horaires et des protocoles de désinfection). Le facteur humain est souvent la cause des contaminations. Les opérateurs doivent donc être sensibilisés aux risques et savoir appliquer les procédures de travail. Nous vous recommandons de réduire l’intervalle entre les formations et les autocontrôles (ex : prélèvements de surface). Ce renforcement de la surveillance est indispensable si vous faites le choix de cette méthode. Dans le cas où vous n’arrivez pas à atteindre les résultats fixés en matières de désinfection, nous vous recommandons de passer à une marche en avant dans l’espace.
L’aménagement de la blanchisserie
Votre blanchisserie doit être aménagée de façon professionnelle. Une fois que vous avez déterminé votre marche en avant, vous allez pouvoir vous intéresser aux matériaux à prévoir pour le revêtement des murs, sols et plafond. Vous devez prévoir des matériaux faciles à nettoyer (imputrescibles), résistants (chocs, produits d’entretien) et sécurisants (sol anti-dérapant, éclairage performant).
Le sol
Vous devez vous orienter vers un sol répondant à plusieurs caractéristiques
- Anti-dérapant afin de limiter le risque de chute des opérateurs (n’exonère pas du port des chaussures anti-dérapantes)
- Non poreux afin d’être lavé au jet d’eau
- Avec des pentes de 2% qui permettent à l’eau de lavage de ruisseler vers un caniveau
- Résistant aux produits chimiques qui vont être utilisés pour sa désinfection
- D’une couleur qui ne soit pas agressive et qui permettent de voir les objets tombés au sol (pas de couleur noir ou de flashy)
La faïence et la résine époxy sont les revêtements les mieux adaptés à l’activité de blanchisserie.
Les murs
Les murs doivent être habillés d’un revêtement de type faïence ou panneaux sandwichs.
- Lavable au jet d’eau
- Résistant aux produits chimiques
- Résistant aux chocs
- Résistant au feu pendant 1 heure
- D’une couleur qui ne gêne pas le travail des opérateurs
Le plafond
Nous vous conseillons un plafond facilement lessivable. Pour cela vous pouvez opter pour des panneaux sandwichs ou des dalles de faux plafond en pvc.
L’électricité et l’eau
Vos raccordements doivent être dissimulés dans les cloisons et la plafond dans la mesure du possible. Cela permettra d’éviter qu’ils ne soient des ramasse-poussière. Prévoyez des équipements électriques étanches et résistants. Apportez un soin particulier à l’éclairage, afin que les poste de travail soient lumineux. Le code du travail prévoit que l’espace de travail bénéficient d’un apport en lumière naturelle. Attention aux reflets, ce qui peut nuire à la qualité du travail et fatiguer les yeux des opérateurs.
Le traitement de l’air
L’activité de blanchisserie nécessite généralement un système de traitement de l’air. En effet, les machines utilisées produisent de la chaleur qu’il convient d’évacuer. Le personnel risque d’être incommodé par la température élevée surtout en été. Pour cela, nous vous conseillons la mise en place d’une ventilation par apport d’air neuf filtré. Le dimensionnement de l’installation dépendra de la surface du local et de la puissance calorifère produite lors du fonctionnement des machines.
Certaines machines nécessitent un conduit d’extraction spécifique. Tous les cas, c’est à l’installateur de vous expliquer les besoins en matière d’apport et d’extraction d’air. L’air neuf pulsé dans la zone de finition (zone propre) ne doit pas provenir de la zone de tri (zone sale). Cela peut engendré un risque de contamination microbiologique par aéroportage.
Le choix du matériel
Nous vous recommandons l’utilisation de matériel professionnel uniquement.
- Conçu pour un usage intensif
- Facile à entretenir
- Composants avec longue durée de vie
- SAV et pièce de rechanges disponible sur le long terme
- Consommations d’énergie et d’eau limitées
Lavage et essorage
Vous avez le choix entre deux catégories de machines :
- Machines à ouverture frontale : adaptées aux buanderies
- Machines aseptiques : deux ouvertures (faces opposées ou mitoyennes) afin de respecter le principe de non croisement du linge propre et du linge sale. La machine peut être placée au milieu d’une cloison afin d’avoir ses portes qui ouvrent dans des salles différentes.
Certains modèles sont équipés d’une vanne de titrage, afin de récupérer un échantillon de l’eau de lavage. Cet échantillon peut ensuite être analysé en laboratoire.
Séchage
L’humidité est un facteur de développement des micro-organismes. Vous devez assurer un séchage complet des linges rapidement après leur nettoyage. L’utilisation d’un séchoir apparait comme indispensable pour y parvenir.
Repassage et pliage
Il existe deux possibilités pour réaliser ces opérations.
- Repassage et pliage manuel : cette méthode s’applique généralement pour les petites pièces
- Repassage et pliage mécanique : l’emploi de machine est idéale pour la finition des grandes pièces comme les draps. Certaines machines peuvent assurer le séchage, le repassage, le pliage, l’ensachage et l’empilement du linge.
Autres matériels
Votre blanchisserie devra évidemment être équipé d’équipements tels que les tables de tri, les chariots de manutention et les rayonnages de rangement. Dans tous les cas, privilégiez l’inox et bannissez le bois. Ce dernier est poreux et peu donc représenter un source de prolifération des micro-organismes.
Le choix de vos équipements dépendra de trois critères que vous devez avoir identifier en amont :
- Types de linges traités
- Volumes quotidien traités
- Surface de travail et de stockage disponible
Réaliser un plan d’implantation de votre blanchisserie
Nous vous recommandons de réaliser un plan d’implantation détaillée de votre blanchisserie avant de lancer les investissements. Ce plan vous permettra d’avoir une vision claire sur le circuit du linge, les espaces disponibles pour chaque étable, l’implantation possible des équipements.
FHOR se tient à votre disposition pour vous accompagner dans votre projet d’aménagement ou de rénovation de votre blanchisserie. Pour cela, nous pouvons vous proposer 3 solutions :
- Audit : analyser votre organisation actuelle et faire des préconisation d’amélioration
- Formation : former votre personnel à la méthode RABC
- Plan : dessiner un plan d’implantation détaillé
Le formulaire ci-dessous est à votre disposition pour nous présenter votre projet.
Cet article vous est offert par FHOR. Il s’agit d’un organisme de formation dédié aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Notre organisme est certifié Qualiopi. Nos formations peuvent être prises en charge à 100%. Nous nous déplaçons en France et dans les pays francophones. Nous réalisons également des audits d’établissement et la rédaction des documents obligatoires.
